À propos de CMIST

CMIST est un outil d'évaluation préalable des risques (ÉPR) révisé par les pairs pour les espèces marines envahissantes (Drolet et al., 2016). Il s'agit d'un court questionnaire qui suit le processus d'invasion depuis l'arrivée jusqu'à l'impact et il est conçu de sorte à permettre à un évaluateur éclairé d'évaluer une espèce dans une région évaluée pendant environ une journée à l'aide des renseignements accessibles contenus dans les bases de données sur Internet, la documentation spécialisée et la littérature grise. Il peut s'agir d'espèces qui ont un historique d'invasions dans une région ou d'espèces susceptibles de participer à des invasions à l'avenir.

CMIST permet l'établissement d'une cote qui tient compte de la probabilité et de l'impact d'une invasion ainsi que de l'incertitude. Les questions sont générales afin de pouvoir appliquer CMIST aux différents taxons, aux différentes régions évaluées et aux différents objectifs du projet. À ce jour, CMIST a été testé auprès de mollusques, de tuniciers, de crustacés et de polychètes introduits ou en phase de l'être dans trois écorégions marines canadiennes (MPO, 2009). CMIST a également été utilisé avec succès auprès d'espèces de poisson d'eau douce non indigène en Colombie-Britannique avec des lignes directrices adaptées (T. Therriault, comm. pers.). Une fois l'évaluation réalisée, CMIST produit une cote de risque ajustée en fonction de l'incertitude de l'évaluateur qui, combinée avec les renseignements recueillis pendant l'évaluation, peut être utilisée pour faciliter la prise de décisions de gestion. Par exemple, en 2015, les évaluations CMIST ont été utilisées pour déterminer les envahisseurs à risque élevé dans trois écorégions marines canadiennes (MPO, 2016).

Développement de CMIST

CMIST a été développé par Pêches et Océans Canada (MPO) au cours de sept ans et de multiples phases. En 2011, le programme sur les espèces aquatiques envahissantes du MPO a été chargé par le Bureau du vérificateur général, dans le cadre d'une évaluation interne, d'établir un protocole scientifiquement défendable et relativement rapide qui permettra de sélectionner et de classer par ordre de priorité les espèces aquatiques non indigènes représentant un risque élevé. De plus, le Secteur de la gestion des écosystèmes et des pêches du MPO a demandé un avis scientifique appuyant un règlement national sur les espèces aquatiques non indigènes, incluant un protocole permettant de déterminer et de classer par ordre de priorité les espèces aquatiques non indigènes représentant un risque élevé. En réponse, le Secrétariat canadien de consultation scientifique (SCCS) a entamé un processus national d'avis scientifique afin de donner un avis scientifique sur les outils d'évaluation préalable des risques et d'établissement des priorités pour les espèces marines et d'eau douce non indigènes.

La partie 1 du processus s'est déroulée à Montréal (Québec), entre le 22 et le 24 novembre 2011; les participants ont comparé différents protocoles de ce type et ont conçu un cadre de travail en vue de la mise au point d'un outil d'évaluation préalable des risques pour les espèces aquatiques non indigènes, depuis lors appelé l'outil d'évaluation rapide de Montréal (MPO, 2012). Cet outil est finalement devenu CMIST. La partie 2 s'est tenue à Burlington (Ontario) du 19 au 21 mars 2013; les protocoles d'évaluation préalable des risques ont alors été évalués et appliqués à trois taxons d'espèces d'eau douce non indigènes (MPO, 2014a, 2014b, Snyder et al., 2013). La partie 3 s'est tenue à Halifax (Nouvelle-Écosse) du 4 au 6 février 2015; une réunion nationale d'examen par les pairs sur le protocole d'évaluation préalable des risques pour les espèces aquatiques non indigènes a permis d'examiner l'outil canadien d'évaluation préalable des risques pour les espèces marines envahissantes récemment développé tel qu'il est appliqué pour déterminer le risque potentiel associé aux invertébrés non indigènes (mollusques, tuniciers, crustacés et polychètes) déjà introduits et aux autres espèces non observées dans les trois écorégions marines canadiennes (golfe du Saint-Laurent, plateau néo-écossais et détroit de Georgia) (MPO, 2016, 2015). Au total, soixante combinaisons d'espèces déjà établies et d'écorégions ont été soumises à l'examen de deux évaluateurs; les résultats ont ensuite été comparés aux connaissances d'experts en matière d'invasion, pour les espèces comme pour les écorégions. Du côté des espèces non observées dans les trois écorégions canadiennes, on a étudié quarante-cinq combinaisons d'espèces et d'écorégions dans le but d'estimer les risques d'invasion. De plus, de nouvelles méthodes d'intégration de l'incertitude dans les cotes de risque ont été examinées.

CMIST a été déclaré justifiable sur le plan scientifique et pratique pour une évaluation préalable et le classement prioritaire des invertébrés marins déjà introduits ou non encore observés dans les écorégions marines canadiennes. De plus, étant donné que les questions figurant dans CMIST sont de nature générale du point de vue du processus d'invasion et de son impact connexe, l'outil pourrait convenir à d'autres taxons. Pour de plus amples renseignements généraux sur le développement de CMIST, veuillez consulter le MPO (2015).