Bref historique de l'IOB

Après la Deuxième Guerre mondiale, le Canada a reconnu qu'il avait besoin d'établissements et de navires de recherche océanographique multidisciplinaires pour aborder diverses questions, comme la souveraineté, la défense, la protection de l'environnement et les pêches. La Station biologique de St. Andrews était alors la principale installation de recherche sur les pêches marines dans les Maritimes. M. W. E. van Steenburgh, Ph.D., qui était alors directeur général des Services scientifiques du ministère des Mines et des Relevés techniques, a avancé l'idée d'un institut océanographique situé sur les rives du bassin de Bedford. M. Steenburgh et ses collaborateurs estimaient que des équipes de recherche multidisciplinaires, disposant de navires et de laboratoires spécialisés, étaient nécessaires pour combler les besoins de connaissances futurs de la gestion des océans dans l'économie mondiale émergente. Grâce à ses efforts, la construction de l'Institut océanographique de Bedford (IOB) et du navire d'expédition Hudson aboutirent en 1962. Aujourd'hui encore, la partie originale de l'IOB porte le nom de M. van Steenburgh. L'Université Dalhousie lui a rendu hommage, en octobre 1962, pour le rôle capital qu'il a joué dans l'établissement d'une infrastructure gouvernementale fédérale de recherche océanographique au Canada.

Fort de ses installations de pointe et de sa flotte de navires, l'IOB a pris une expansion considérable depuis 1962 et est devenu un des meilleurs établissements de recherche océanographique multidisciplinaire au monde. Ce qui fait de l'IOB un établissement unique, c'est précisément son caractère multidisciplinaire. Par nature, l'océanographie est un domaine de recherche pluridisciplinaire, faisant appel à l'hydrographie, à la géologie, à la physique, à la chimie, à la biologie et à la recherche halieutique. De fait, le succès que connaissent les grands instituts océanographiques du monde réside dans le fait que des spécialistes des diverses disciplines de l'océanographie travaillent à proximité les uns des autres à résoudre des problèmes de recherche complexes et passionnants. Au cours des dernières décennies, cela s'est traduit par des progrès fondamentaux et révolutionnaires dans notre compréhension des océans du globe et du plancher océanique. L'IOB est un exemple d'établissement de recherche qui a contribué à ce fascinant accroissement de notre capacité d'explication. La réunion de diverses disciplines de recherche au sein d'une même installation est un élément clé de sa réussite. Des hydrographes, des géologues, des physiciens, des chimistes, des biologistes et des spécialistes techniques s'adonnent en équipe, côte à côte, à des recherches captivantes. L'IOB accueille des scientifiques et des techniciens de quatre ministères fédéraux (MPO, RNCan, MDN et EC) et a établi des partenariats avec des universités, l'industrie, les Premières nations et des organismes non gouvernementaux.

L'histoire apporte la preuve de l'efficacité de cette approche. Depuis ses débuts, l'IOB a joué un grand rôle dans de nombreux projets et études d'envergure nationale et internationale sur les systèmes de circulation océaniques mondiaux et sur leurs interactions avec le changement climatique. En même temps, il a entrepris des études exhaustives de la géologie marine du Canada atlantique, apportant ainsi un soutien essentiel aux activités d'exploration pétrolière et gazière entreprises dans les années 1980 et plus récemment. Dans les années 1970, l'IOB a considérablement étendu ses études des écosystèmes océaniques et de leurs ressources, tendance qui s'est poursuivie jusqu'à ce jour. Et le besoin d'une recherche océanique multidisciplinaire continue de se faire sentir.

En 1997, le Canada a adopté une loi unique au monde, la Loi sur les océans. Cette loi reflète une nouvelle approche en matière d'utilisation des ressources océaniques, fondée sur les principes d'une sage gestion axée sur l'écosystème. En raison de son utilisation croissante des océans (pour l'exploration pétrolière et gazière, les câbles sous-marins, le transport maritime, l'aquaculture, l'écotourisme, l'élimination des eaux usées et des déchets industriels, les loisirs et la pêche commerciale), le Canada a besoin d'une meilleure capacité de recherche pour pouvoir donner des avis scientifiques sur les questions de gestion. Dans son préambule, la Loi sur les océans fait état des défis des décennies futures. On y indique que le Canada doit élaborer et mettre en œuvre un régime de gestion de ses écosystèmes marins en suivant trois principes interdépendants (la gestion intégrée selon l'approche de précaution pour assurer le développement durable). Cette loi est pleinement conforme aux obligations internationales du Canada en vertu, par exemple, de la Convention sur la biodiversité, de la Convention de Kyoto sur le changement climatique et du Code de conduite pour une pêche responsable de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Le Canada s'oriente vers un nouveau paradigme concernant la gestion intégrée de ses activités océaniques, dans lequel les objectifs liés à l'écosystème marin seront définis plus explicitement, de manière à assurer un développement durable pour les générations futures. Ce changement de perspective de gestion de la part du Canada rejoint la prise de conscience à l'échelle mondiale, selon laquelle nos océans ont besoin d'être mieux protégés contre les influences anthropiques.

Aux effets directs des industries océaniques et de l'élimination des contaminants, s'ajoute la contribution des « gaz à effet de serre » à la variabilité du climat. La circulation océanique mondiale change, le niveau de la mer monte et les interactions air-mer modifient les régimes météorologiques et climatiques. Les océans sont un élément essentiel de la variabilité du climat, et les recherches océanographiques multidisciplinaires nous aideront à comprendre et à prévoir la nature du changement climatique.

Le gouvernement du Canada accorde une grande importance à l'engagement accru des citoyens. L'IOB s'oriente dans cette direction en mettant davantage l'accent sur la sensibilisation du public. De fait, l'IOB est un grand centre de convergence en matière de gérance des océans au Canada atlantique. En ce qui concerne la recherche océanographique multidisciplinaire, les besoins d'infrastructures gouvernementales fédérales revêtent autant, sinon plus, d'importance aujourd'hui qu'ils en avaient à l'époque de M. van Steenburgh, dans les années 1960. Bon nombre des bâtiments originaux sont rénovés afin de répondre aux besoins en matière de conservation de l'énergie d'une société sensibilisée aux enjeux planétaires.